jeudi 10 juin 2010
Skinny-fat
lundi 7 juin 2010
5 mois, 2 jours et des poussières
Demain s'achèvera ma vie de fille active à New York ; je ne sais pas trop encore si je dois m'en réjouir ou m'en plaindre, mais nul doute que la nostalgie reviendra m'étreindre à mon arrivée en mère-patrie.
Parce que New York, ca ne se quitte pas comme ca …
5 mois que je me glisse dans le moule, et petit à petit, je me suis surprise à réviser mes habitudes françaises à la sauce New York et à parsemer mon quotidien de petits rituels manhattaniens. Autant de petits détails qui me font prendre toute la mesure de ma franche intégration dans le mode de vie américain.
jeudi 27 mai 2010
Style & the City
Cela a été dit, redit et re-redit, mais n’ayons pas peur de la redite : le style de l’Américain moyen, c’est tout un poème. C’est parfois fleuri, parfois austère, souvent étonnant, rarement coordonné mais presque toujours sujet à commentaires.
Commençons par l’homme, le New yorkais pressé, qui, dès potron-minet, saute dans son train en provenance du New Jersey, pochette à portable bien accrochée à la ceinture, la cravate trop courte au vent, le café a la main et la chemise parée à toute transpiration insidieuse grâce à un t-shirt astucieusement porté dessous. Cette description suffit normalement à faire comprendre que la notion-clé pour notre ami Brandon, c’est le CONFORT ; avoir tout à portée de main, n’envisager les choses que dans une vision utilitariste plutôt qu’esthétique, voila bien la façon américaine de raisonner un habillement de tous les jours. Dans cette optique, reste le mystère des chaussures à bouts carres et à large bords de semelles ; peut-être offrent-elles une meilleure résistance à l’air et un appui plus solide de la pointe du doigt de pied quand, en retard, Brandon doit courir et sauter frénétiquement pour attraper last minute son train de retour vers Jersey City… Je ne vois guère que cette explication pour justifier le port de telles atrocités.
La femme, Brenda est un sujet plus intéressant, car plus complexe. Il m’a fallu plusieurs mois pour comprendre que celle-ci s’habille en fonction de deux critères ; le premier of course, reste le confort (on n’est pas des bêtes), mais pas seulement, puisque Brenda aime se vêtir en fonction du dégagement du ciel. Grand bleu, et la voici en tongs, nonobstant le froid glacial de ce mois de février … Ce théorème a une exception, qui, une fois n’est pas coutume, confirme la règle : la New-Yorkaise porte des lunettes de soleil, été comme hiver, à l’intérieur comme à l’extérieur, par grand soleil et par temps de pluie. Brandon n’est pas en reste, le penchant masculin de cette coutume étant le port de couvre-chef ; rien que ce matin, j’ai encore dénombré moult casquettes, bérets, bonnets et borsalino sur le quai du métro, alors que le temps, ni très froid (bonnets ?), ni très chaud (casquettes ?), ne nécessite un tel accessoire.
Je jetterai un voile pudique sur l’accordance de quelques tenues telles que la mini-jupe, le bustier moulant ou le legging-pantalon avec certaines morphologies penchant franchement vers un large surpoids. A noter, qu’ici, le legging est considéré comme un pantalon comme un autre, qui se porte donc sans autre vêtement qu’un t-shirt. Avant d’accéder au point d’orgue du look US, une dernière digression sur … les ongles de Brenda ; tout d’abord, ils se doivent d’être exagérément longs, de préférence faux, agrémentés d’un vernis d’une couleur interdite (i.e bleu, vert, jaune), ou pire parfois de strass et petits dessins (jusqu'à présent, mon meilleur souvenir reste celui d’un ongle décoré d’un palmier sur fond de coucher de soleil)
Point d’orgue, comme promis, la basket blanche, accessoire indispensable de toute New-Yorkaise qui souhaite bouncer à travers la ville. Cette vilaine chaussure semble donner à Brenda le souffle conquérant, que nous avons, nous, françaises, escarpins aux pieds. La Nike bien enfilée, l’Américaine s’avance sure d’elle dans la ville (elle ne sera pas en retard, elle peut courir avec ses chaussures aérodynamiques) ; du haut de la semelle de sa blanche sneaker, elle domine la city ; elle ne se pose pas (trop) de questions sur l’élégance d’un ensemble jupe-baskets, car ainsi chaussée, Brenda a des ailes, Brenda chante la vie, elle danse la vie, elle dit merci a la vie, … mais elle enfile tout de même bien prestement ses ballerines à bouts carres en arrivant à son bureau, pour rester raccord avec Boss Brandon en réunion.
mercredi 19 mai 2010
Moi, Blake, Anne, Jack et les autres
Vivre à New York présente plein de charmes et avantages, mais ce qui reste encore à mes yeux le plus étonnant concerne la densité au kilomètre-carré de stars et personnes connues. Lectrice assidue de ces magazines hautement intellectuels, qu’on appelle « féminins », j’avais déjà une petite idée des illustres rencontres que je pourrais faire au détour d’un gratte-ciel, entre deux de ces fameux tournages qui peuplent la ville à partir du mois d’avril. Apres 5 mois à New York, je ne compte donc plus (enfin si, justement) toutes les célébrités croisées dans les rues si huppées du Village ou de l’Upper West Side ; mon âme de midinette s’épanouissant pleinement dans cet environnement un peu pailleté, contrastant d'autant plus fortement avec l’austérité de mon cadre de travail quotidien.
A l’exception d’Emma de Caunes, voisine de table d’un de mes premiers brunchs, d'Aure Atika vue dans un hotel chic de Soho, ou d’Arnaud Lemaire (mais si, vous savez le microcéphale copain de Claire Chazal, présentateur de ce nouveau navet du PAF, «L’amour est aveugle »), les personnes croisées sont souvent très en phase avec l’idée qu’on se fait de la ville, souvent des artistes deja croisés dans des films ou séries fortement associés à la Grosse Pomme.
Je ne vous raconte donc pas mon émoi quand, allant tranquillement au Starbucks, qui m’ouvre la porte ? Dan Humphrey de Gossip Girl (1er whaou, midinette, je vous avais prévenus) ; toujours sous le choc de cette rencontre portière avec le new-yorkais emblématique par excellence, j’avance flageolante pour me retrouver dans la queue juste derrière … Serena (2eme whaou, on n’est midinette ou on ne l’est pas). Hyper-solidaire dans mes mondanités, j’ai voulu en informer mon amie qui m’attendait dehors par un texto bien senti (« Dan vient de m’ouvrir la porte, je fais la queue derrière Serena. XOXO. A.), sans succès, celle-ci ayant oublié son portable. Peu importe ; je suis désormais en mesure de confirmer que Serena, ou Blake Lively de son doux nom, est à la hauteur des fantasmes qu’elle fait naitre chez les protagonistes males de la série, étant tout simplement sublime. (Pour nous rassurer, gente féminine, constatons que Blake a aussi eu un âge difficile, où le mauvais gout le disputait à la niaiserie: http://img.news-de-stars.com/blake-lively/blake-lively-en-2007-une-ado-ravissante_39254_w460.jpg )
Mes pérégrinations ne s’arretent pas la, puisqu’en quittant le cadre sex-and-the-city-esque de la Boom Boom Room au début de mon séjour, j’ai entr-apercu Marc Jacobs, créateur phare ici, à l’origine d’en moyenne un sac sur deux en circulation dans New York, qui dinait avec son ami ? amant ? mari ? J’ai hesité puis renoncé à lui exhiber fierement tous mes accessoires de sa marque par le menu ; midinette mais pas groupie.
Restaient encore deux rencontres assez inattendues, toujours au détour d'une rue, avec tout d'abord Anne Hathaway, l'actrice du Diable s'habille en Prada, film emblématique de la fashion-élite new-yorkaise et de son gourou Anna Wintour, petite Anne méconnaissable de normalité et de simplicité sur cette 6th Ave bondée. Et enfin, j'ai nommé, Jack "copy that" Bauer, Kiefer Sutherland en personne, qui bondissait tel son personnage de 24 depuis une voiture noire vers un immeuble de Soho, surement en route vers un prochain tournage des aventures de l'agent du CTU. Bref, un peu de glamour, un peu de gros bras, un peu de paillettes, la journée classique à New York est souvent plus exotique qu'à Paris !
Gros regret jusqu'à présent, manque à mon palmares de rencontres fortuites, la New-Yorkaise par excellence pour toute personne de sexe féminin de ma génération, Carrie Bradshaw, a.k.a Sarah Jessica Parker. Mon institut de beauté essaye de me faire croire depuis le jour 1 qu'elle vient elle aussi chez eux mais je n'y crois pas une seconde. Comme si SJP n'avait pas des petites mains pour lui faire tout ca chez elles devant son éléphantesque dressing, pendant qu'elle couve du regard Marion Loretta et Tabitha Hodge (qui ne sont pas ses chiens mais bien ses deux jumelles)?
A défaut de rencontrer Miss Bradshaw en live, je me rejouis donc à l'idée de la retrouver bientot virtuellement dans le surement niais mais rejouissant Sex and The City 2.
lundi 3 mai 2010
Mind the gap
Apres quelques mois ici, la visite de quelques fellow compatriotes m’a permis de me rendre encore un peu plus compte de toutes ces petites choses qui font la spécificité (le charme ?) de New York, et que je commençais déjà à ne plus remarquer, petite New-Yorkaise en devenir. Il est d’ailleurs tout à fait appréciable de constater qu’après peu de temps, on a intégré sans presque s’en rendre compte beaucoup de codes implicites de la ville : laisser un tip égal à 2 fois la taxe (mais surtout pas en pièces, c’est malpoli ici), indiquer au chauffeur de taxi non pas votre adresse mais le coin de rue le plus proche de votre destination, réserver systématiquement dans les restaurants sous peine de déception chronique, commander un café en précisant « regular coffee » etc.
Une de ces petites particularités étonnantes, qui m’a joué beaucoup de tours au début, fut le fameux « Hi ! How are you doing today ? » qui ponctue toute entrée dans un magasin ou restaurant ; très courtoise, je m’efforçais de répondre à cette étrange question par un hésitant et souriant « Great, and you ? » auquel mon interlocuteur ne m’opposait jamais aucune réponse, me faisant croire les premières semaines à une muflerie américaine généralisée. Je compris enfin que dans la grande tradition d’accueil outre-Atlantique, cette question relevait de la pure rhétorique et n’appelait aucune réponse, tel un « Ca va ? » lancé distraitement à un collègue entre deux couloirs ; nécessairement, ma réponse naïve laissait mes interlocuteurs un peu désarçonnés, peu habitués à devoir répondre eux-mêmes à cette question finalement si incongrue.
Deux détails particulièrement intrigants, se remarquent facilement pour un Français fraichement débarqué. Tout d’abord, l’Américain, mais surtout l’Américaine parle FORT, et par fort, j’entends malheureusement, plus de 50 décibels au-dessus du niveau sonore jugé acceptable pour une conversation en France. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir l’impression que votre voisine de rayon de supermarché est au téléphone avec sa grand-mère sourde, ou cherche à attirer l’attention d’une personne portant un casque-anti-bruit à l’autre bout du magasin, alors qu’elle est simplement en train de discuter avec la personne à cote d’elle. Cette impudeur verbale est surement à mettre en relation avec l’impudeur physique gênante des vestiaires de salles de sport déjà mentionnée dans un article précédent.
La deuxième particularité, tout à fait stupéfiante par son manque de logique concerne les tourniquets de métro. Etrangement, ici, on utilise les mêmes pour entrer et sortir du métro, ce qui génère parfois, outre une importante confusion, pas mal de retard et de fureur. Exemple : quand le groupe de lycéens du New Jersey en vadrouille avec leurs profs dans la grosse Pomme décide de sortir tous du métro, au moment même où vous souhaitez y entrer à l’issue d’une folle course pour tenter d’attraper le métro qui vous transportera à l’heure vers votre rendez-vous, eh bien, en plus d’avoir l’impression de nager à contre-courant dans une cacophonie assourdissante (voir particularité intrigante 1, ci-dessus), vous êtes bougrement furieux contre ce $# !!@’**! système de tourniquet. Maigre consolation : le métro français jouerait lui aussi des tours à l’Américain globe-trotter. Pour preuve, l’anecdote de cette Américaine qui en voyage à Paris, peu habituée à devoir ouvrir elle-même la porte du métro, était restée coincée sur le quai en regardant s’éloigner le métro, interdite devant cet archaïque mécanisme d’ouverture de portes. (Moralité, l’Américain(e) devrait prendre la ligne 1)
Prochainement, le style new-yorkais ….
mardi 27 avril 2010
Antique Garage
Pourtant, il existe à New York un restaurant qui redore très efficacement le blason de cette cuisine méditerranéenne : Antique Garage.
Le lieu déjà, ne peut qu’attirer votre regard ; situe dans le trendy quartier de Soho, cet ancien garage réhabilité avec soin offre un cadre étonnant, plein d’un cachet d’un autre temps. L’orchestre qui joue certains soirs ajoute encore au charme de l’endroit.
La vraie surprise commence ensuite avec le pain, petite ciabatta fondante aux herbes, qu’on doit se retenir de dévorer pour préserver un peu de son appétit pour la suite. (New-Yorkais, New-Yorkaises, vous qui connaissez la rareté du bon pain dans les restaurants de la ville, vous apprécierez sans doute cette première qualité).
Le repas continue alors, d’enchantement en enchantement : les portions sont copieuses, les plats subtilement relevés ; chacun sort conquis par la (re)découverte de la cuisine turque. Poulet aux herbes, kebab, manti de boeuf, thon poêlé, mezzés ; tous les grands classiques de cette gastronomie sont proposés sur le menu, avec une exécution virtuose.
Pour finir, le service est efficace, et l’addition pas trop salée. Une excellente adresse qui réconciliera les sceptiques avec la cuisine turque !
Antique Garage, 41 Mercer Street (au niveau de Grand St)
jeudi 22 avril 2010
Gym comique
La série "Exotisme Américain" continue ; après "Les Américains cassent la croute", la chronique sportive.
Contrairement à Paris, où trouver un club de gym dans un rayon de 5km de chez vous relève de l'exploit, ici, la new-yorkaise sportive est plutôt confrontée au problème inverse, à savoir l'embarras du choix. Les avantages comparatifs proposés par les différents clubs sont assez édifiants. Je n'en citerai que deux ; le premier, Equinox, propose aux mannequins de ne payer que 50% de l'abonnement, espérant ainsi attirer la new-yorkaise jet-set en lui offrant pour une somme astronomique la possibilité de se muscler le ficeps aux cotes d'Eva, Naomi and Co, i.e aller simple pour une bonne déprime sur sa condition de femme-poire. Si vous ne voulez pas vous galber le mollet dans une ambiance si glamour, Crunch à l'opposé revendique un message McDonaldien type « Venez comme vous êtes » avec kilos en trop, votre petit ventre et votre tenue des années 80 (La pub est assez drôle, je vous conseille d'aller la voir). (Au passage, je me demande bien quel sadique a eu l'idée d'appeler une salle de sport comme une barre de chocolat.)
J'ai donc choisi prudemment le classique New York Sports Club. Pas si classique que ca d'ailleurs, au vu du programme des cours, qui s'annonçait … sportivement original. Passée ma surprise devant la présence de cours d' « Urban Rebounding », de « Boot Camp » ou encore de « Zumba Dance » … je me lançai au bout d'une semaine d'hésitation dans des cours de « Total Body Conditioning » (tout un programme !) et de Pilates. Le Pilates s'avéra d'ailleurs beaucoup plus fatiguant que le prometteur Body Conditioning, me laissant complètement et littéralement sur les rotules, le corps fourbu de courbatures pour plus d'une semaine, les abdos douloureux au moindre ricanement. Apres plusieurs mois à fréquenter assidument ma petite salle de sport, outre une certaine tonicité additionnelle constatée en différents points de ma musculature, je me lançai dans l'exploration de nouveaux cours, bien mal m'en prit ; l'Urban Rebounding – cours sur mini-trampoline, me laissa un mal de terre très étrange après une heure de sautillement ridicule sous l'œil goguenard des apprentis haltérophiles de la salle adjacente ; à la Zumba Dance, je ne fus pas en reste niveau ridicule, essayant péniblement et sans grâce aucune de suivre les pas techniques et sensuels de la sosie d'Eva Mendes qui faisait office de prof. Enfin, mon expérience du Boot Camp s'acheva avant même d'avoir commencé, trop effrayée par la grosse voix caverneuse de « l'instructeur », qui prenant son rôle très à cœur aboyait déjà ses instructions avant même l'entrée dans la salle.
Apres une heure d'effort, le plus dur reste à venir, la terrifiante épreuve du vestiaire. Car dans l'Amérique pas si chaste et ni puritaine de New York, la pudeur, et c'est le cas de le dire, se laisse au vestiaire. Non contente d'avoir partagé avec vous sueur et ridicule pendant une heure, la new-yorkaise sportive entend bien sceller cette nouvelle proximité en exhibant fièrement, à tort ou à raison, son corps dans les vestiaires. Il n'est donc pas rare, entre deux mouvements acrobatiques pour essayer de vous changer sans laisser tomber la serviette qui vous couvre, de vous retrouver nez à nez avec l'éclatante nudité de votre voisine de casier, qui revient paisiblement de sa douche, serviette négligemment posée sur l'épaule. Dans la précipitation pour tenter de détourner au plus vite les yeux de cette déroutante vision, vous ne réussissez souvent qu'à lâcher serviettes et habits dans une sorte d'affolement général, offrant ainsi un tableau des plus cocasses aux autres femmes de la pièce.
Mais pour partir sur une touche joyeuse, il vous suffit de faire un tour par le coin des haltères, où instructeurs et amateurs, t-shirt ultra-moulant, biceps saillants et pectoraux en avant, se pavanent à qui mieux mieux devant l'œil sceptique des « runneuses » sur leur tapis roulant ; observer leur parade de paons musclés suffit en général à vous faire quitter la salle le sourire (moqueur) aux lèvres.
Recommandation sportive : le cours de Pilates du jeudi soir au NYSC de Mercer Street.
mercredi 21 avril 2010
Billy

S'il y a bien un spectacle à ne pas manquer sur Broadway, c'est celui-ci : Billy Elliot
Profitant d'un nuage de cendres ayant retardé les spectateurs initiaux, j'ai pu aller voir hier ce show hors du commun. L'histoire est bien connue et appréciée de tous ; Billy Elliot, préado du nord charbonneux de l'Angleterre, tente de faire accepter à son entourage de mineurs son désir d'avenir dans la danse classique. A tout cela s'ajoutent plein de personnages truculents : la grand-mère fofolle, le frère gréviste idéaliste, le meilleur ami qui aime se déguiser en fille avec les robes de sa sœur, le père déboussolé qui ne sait plus bien quels conseils donner à son fils et enfin la géniale prof de danse qui, lasse de ses petites danseuses balourdes, voit en Billy un petit prodige sur lequel elle aime à projeter ses rêves de gloire.
On est surtout interpellé par la presence de tant d'enfants talentueux sur scène : à commencer par le fantastique interprète de Billy Elliot lui-même, qui tour a tour, chante, danse, joue avec l'accent du nord de l'Angleterre, fait des claquettes, portant sur ses frêles épaules toute la pièce. (Rassurez-vous, cinq « Billy » se relaient pour assurer le rôle tous les soirs de la semaine). Les petites danseuses sont également impressionnantes de technique et de précision malgre leur trés jeune âge (la plus vieille ne devait pas avoir plus de 12 ans, et les plus jeunes semblaient à peine avoir l'âge de raison).
La mise en scene est époustouflante, avec des jeux de décors millimetrés mais si subtils qu'on se demande souvent comment le decor a été changé sans que l'on s'en rende compte. Omniprésentes, les chaises constituent une part importante de la scène, utilisées tour à tour par les jeunes danseuses, les grévistes pour leurs barricades, et Billy pour parfaire son apprentissage des techniques de pirouette.
Certaines scènes nous transportent complètement, notamment la scène où Billy et son double « adulte » évoluent en parallèle sur une chorégraphie classique qui s'achève dans les airs.
On ressort avec des étoiles dans les yeux et la ferme intention de se mettre dès le lendemain aux claquettes !
lundi 19 avril 2010
Burger King
Je commence aujourd'hui une grande série sur toutes ces petites choses qui rendent la vie si exotique pour un Français (Européen ?) à New York.
Etant une des personnes les plus difficiles à contenter en matière d'alimentation, je me devais de commencer par là, choc des cultures maximal pour l'éternelle difficile que je suis *.
La première chose à noter concerne évidemment la taille des portions ; quand vous demandez à votre petit(e) deli/resto/cantine du coin, le poulet/veau/bœuf du jour ; vous êtes surpris de vous retrouver avec non pas un, ni deux, ni même trois, mais 4 tranches copieuses de la viande en question. Il est souvent malheureusement un peu tard pour aller demander au cuisinier un quart de portion (qui vous regarderait en plus avec un air affligé devant la caricature de Français(e) que vous lui offrez) ; aussi vous envisagez alors de partager avec toute votre équipe votre repas, juste avant 1/ de vous rappeler qu'ils sont américains, 2/ de constater qu'ils ont tous pris la même portion que vous, 3/ de voir qu'ils n'ont pas l'air le monde du moins découragés par le demi-bœuf qu'ils ont chacun à manger dans leur assiette.
Cette curieuse tendance à grossir les portions trouve son paroxysme au cinéma ; où - outre le fait que vous pouvez vous commander un plein bucket de poulet frit à « grignoter » pendant le film, première anomalie notable pour un Français fraichement débarqué – le pop-corn devient un investissement collectif (3-4 personnes minimum) si vous voulez espérer arriver à bout et donc rentabiliser le sachet mutant qu'on vous tend à la commande d'une « small » portion. Vous devenez carrément interloqué quand on vous demande si vous voulez du … beurre (???!!!!) dessus …
Ce qui m'amène à une deuxième réflexion non plus sur la taille des portions mais sur le cœur même de l'alimentation (accessoirement le cœur même de mon problème). Traditionnellement, certains aliments restent de véritables mystères pour nos petits palais européens ; à commencer par le peanut butter ou la crème au beurre à tout va. Ca se complique quand on comprend – à notre plus grande stupéfaction, que le peanut butter fait ici office de véritable « huile de foie de morue » moderne, croisement hybride entre le Nutella pour le plaisir à tartiner, et l'activité à l'intérieur qui se voit à l'extérieur de notre Bio de Danone national. Du coup, il se consomme à toutes les sauces, et des petits chocolats au peanut butter vous sont même offerts gracieusement à la cantine, pour promouvoir une alimentation healthy (au début, je croyais que c'était pour fêter Pâques en retard, pour vous dire le décalage des mentalités)
Pour ce qui est de la crème au beurre, j'en ai un souvenir particulièrement ému – haut-le-cœur – depuis cette arrivée matinale à mon travail, accueillie par un gâteau mutant, tout droit sorti d'un dessin animé, commandé pour l'anniversaire d'un de mes collègues. Le gâteau en question était composé selon une recette très simple, une succession de couches de génoise et de crème au beurre, recouverte d'un épais glaçage de … crème au beurre, lui-même surmonté d'inscription multicolore en … crème au beurre célébrant l'anniversaire de l'heureux fêté. Une pure merveille aux yeux de la moitié américaine rassemblée pour l'événement, qui salivait déjà, assiette tendue et yeux brillants. Tandis que l'autre moitié, française, cherchait désespérément et sans solidarité aucune, une excuse pour échapper à la tranche de gâteau façon Obélix qu'était en train de couper l'assistante. Une des nombreuses injustices du poste de stagiaire tient à ce que, étant la dernière servie dans ce genre de cas, pour trouver une excuse différente du mal au ventre (invoqué par votre collègue de droite), de l'allergie (votre manager) ou du régime sans sucres (collègue de gauche), le temps vient à manquer. Je revis alors ces souvenirs émus de cantine de primaire et cette patibulaire surveillante de cantine qui m'obligeait à finir mon assiette de choux, insensible à mes pleurs et à mon dégout le plus profond pour cet aliment. (Un psychologue de comptoir y verrait sans doute mille et une explications pour mon rapport désormais conflictuel à la nourriture).
Je ne m'étendrais pas sur toutes les autres petites disparités culinaires qui constituent le fossé alimentaire transatlantique, mais en noterai juste deux autres pour finir, pour le plaisir, pour que vous ne puissiez plus jamais les voir sans vous en étonner aussi : les glaçons et la betterave ; les premiers accompagnant systématiquement toutes les boissons ou presque (thank God, le vin y échappe encore, mais ne cherchez plus pour trouver où ont été inventées les atroces « piscines » de champagne à la mode en ce moment) ; et la betterave, aliment honni de tout écolier français, nourriture de cantine par excellence, semble ici avoir été élevée au rang de fin du fin gastronomique (pour info, betterave se dit « beet » en anglais, aussi attention au traitre « beet carpaccio », qui se confond facilement au gré d'une lumière tamisée d'un restaurant branché avec le plus traditionnel « beef carpaccio », jusqu'à l'arrivée d'une chose violette insipide non identifiée dans votre assiette).
Mais pour rendre à l'Oncle Sam ce qui lui est du et tuer dans l'œuf ce début naissant de snobisme gastronomique français, rappelons aussi certaines des nombreuses réjouissances alimentaires américaines ; en vrac, les burgers juteux avec de la vraie bonne viande qui fond dans la bouche, les bagels à toute heure, les maxi-pièces de viande et les steakhouses à chaque coin de rue, le choix indécent d'ingrédients pour votre salade du midi, les french toasts, les pancakes, les waffles et toute autre spécialité brunch-esque, les cheese-cakes, les cookies, le café à la banane, les donuts, les crab-cakes, le meatloaf etcetera etcetera
(*Maxi-parenthèse : Attention, je n'aime pas rien, comme aiment le dire certains, j'ai juste … un palais délicat, sensible :
- aux textures : vade retro concombres, carottes, salades etc. jugés trop croquants ; fruits et légumes en majorité trouvés « filandreux » … Je ne peux pas faire une liste complète, ca serait trop long
- aux mélanges des genres (je n'ai jamais été aussi heureuse que le jour de l'invention des Fruix, enfin des yaourts sans « petits bouts », et je refuse consciencieusement les jus de fruits pressés, source de petits bouts flottants non identifiés plus connus sous le nom de « pulpe »),
- aux odeurs - fromage, ail, oignons, friture, bref tout ce qui permet de décrire votre repas rien qu'au petit fumet qui vous suit à la trace pendant le reste de la journée),
- et aux contours peu clairs (j'ai toujours trouve suspect les plats en sauce, façon habile selon moi de camoufler les bouts de gras, petits os, nerfs et autres déconvenues culinaires habituelles). )
dimanche 18 avril 2010
Pancake Paradis

Aujourd'hui, j'ai mangé un petit bout de paradis.
Aujourd'hui, j'ai découvert les pancakes de Clinton Street Baking Company.
Alors certes, c'est un peu un lieu commun tout ça, parce que vous comme moi, depuis qu'on est arrivé, tout le monde nous en parle de cette petite merveille du Lower East Side aux pancakes et aux heures d'attente si légendaires. Eh bien, je peux vous confirmer que la qualité des premiers justifie la longueur des secondes.
L'endroit est minuscule, une douzaine de tables maximum et quand on arrive, on se demande bien comment la foule massée dehors va pouvoir rentrer toute entière en une seule journée dans la petite échoppe. Notre (nouvel) ami, le Mister-Smile à l'accueil, explique d'ailleurs sans détour qu'il y aura environ une heure d'attente ...et ajoute "maybe an hour and a half" (deuxième partie de phrase que nous décidons d'ignorer, croyant à une machiavélique technique de restaurateur huppé pour décourager les pancako-philes les moins avertis)
Tout cela fait bien marcher le commerce des petits cafés avoisinants, qui ne doivent plus savoir s'ils doivent maudire ou bénir ce concurrent qui déverse chez eux son trop-plein d'adeptes le temps d'un ... puis deux ... puis trois cappucinos (si vous êtes comme nous, un peu gênées d'occuper une table pendant une heure, avec une seule boisson, tout en lorgnant par la fenêtre sur l'avancée de la queue devant la vitrine de la bakery voisine)
Croyant à notre bonne étoile, nous revenons quelques 55 minutes plus tard ; presque contentes de ne pas s'être laissées berner, nous, par les techniques de Mister-Smile.
Mais la mise à l'épreuve continue, un pancake de l'endroit est un lot qui se mérite et ne s'obtient pas sans surmonter une dernière épreuve, qui attestera formellement de votre motivation : garder le cap malgré l'annonce sans délicatesse de Mister-Smile : "it's gonna be around, 30-40 more minutes". A ce stade, si vous ne l'étranglez pas et ne décidez pas de partir en pestant ; c'est gagné.
Après 30 minutes, moult sourires inutiles et tentatives d'embobinage de Mister-Smile (incorruptible malgré notre si délicieux french accent), nous accédons enfin à la table, les yeux brillants, incrédules devant la chance qui nous est enfin offerte.
Plus tard, nous serons une deuxième fois touchées par la grâce en goûtant notre première bouchée de pancakes banana-walnut. Pourquoi c'est si bon ? Parce que contrairement aux pancakes lambda, ce n'est pas fade ou pâteux, mais c'est léger et moelleux comme un petit bout de nuage. Même le sirop d'érable semble meilleur que d'habitude encore à leur contact.
Banana-walnut ou blueberry, tous les goûts sont délicieux ; allez-y sans hésiter ! Un must-taste new-yorkais.
(Idée pour notre prochaine visite : aller écrire son nom sur la liste au réveil en pyjama, aller se recoucher et revenir une heure après, fraîche et dispose pour cette expérience gourmande)
Clinton Street Baking Company : 4 Clinton Street, au croisement avec Houston.
jeudi 15 avril 2010
A-pizz

Un endroit dont je voulais parler car les portions sont ridiculeusement énormes pour des prix ridiculeusement modestes compte tenu de la taille des portions susmentionnées : Apizz.
Si vous n’y allez pas en connaissance de cause, peu de chance que vous trouviez ce petit restaurant du Lower East Side, bien caché entre des immeubles plus ou moins délabrés et des bars peu avenants. Apizz, c’est tout sombre, c’est tout petit, et ca a surtout tout bon.
Le service est impeccable i.e. maniéré, on est dans un restaurant italien quand même, du coup ca donne à peu près ca :
Le serveur : Is the wine OK ?
Moi, absente : Yes
Le serveur, avec un petit twist du poignet : Oh, I’m soo glad !
…
Le serveur : Have you finished your appetizer ?
Moi, la bouche pleine de ma dernière bouchée de cette colossale Insalata Verde : Yes
Le serveur, avec un petit twist du poignet : Oh, I’m soo glad !
Ce dialogue-type se décline à l’infini avec le reste du diner, il est so glad qu’on ait aimé notre plat, qu’on veuille encore du pain, qu’on veuille bien voir la carte des desserts, qu’on ne prenne qu’un café ; du coup, nous, on sort surtout so glad d’avoir si bien mangé et d’avoir rendu quelqu’un si heureux.
Petites recommandations A-list : l’Insalata Verde (maousse-costaud), la petite pizza Margherita version appetizer, la corbeille de pain (plutôt trois fois qu’une) et le risotto.
Apizz, 217 Eldridge Street, entre Stanton et Rivington.
mercredi 14 avril 2010
Bartender's choice

Amateurs de cocktails et d'ambiance speakeasy, Little Branch est fait pour vous.
Dans la digne lignée des autres bars du propriétaire Sasha Petraske (Please Don't Tell, Milk & Honey, pour ne citer qu'eux), Little Branch se fait volontairement indécelable pour le non-initié, caché derrière une porte austère de la 7eme Ave, avec pour seul indice un homme tout de noir vêtu, gardien du temple des cocktails manhattaniens – a.k.a videur.
Une fois l'attente réglementaire passée, vous descendez un escalier non moins austère que la porte et découvrez en sous-sol un bar faussement ancien et faussement clandestin, mais qui fait très bien illusion. Il vous faut ensuite patienter encore quelques dizaines de minutes pour décrocher le fameux sésame, une table.
Mais tout cela est bien dérisoire à coté de la formidable carte de cocktail, carte infinie par excellence puisque un des cocktails, le Bartender's choice, vous propose de vous laisser guider par le barman, pour qu'il vous concocte un cocktail personnalisé selon vos gouts. Ni une ni deux, je fais étalage de toutes mes préférences alimentaires ; non pas de jaune d'œuf s'il vous plait, ni de noix de coco, j'aime bien l'orange mais sans pulpe, je préfère ne pas boire glacé, et surtout pas de whisky. Le résultat, un délicieux cocktail a base de … ? Un bon barman ne dévoile pas ses recettes voyons ! J'arrive tout de fois à déceler du miel, et du citron dans mon cocktail, hydromel à ma mesure.
Chacun est trop absorbé par son propre breuvage pour penser à gouter celui des autres, ce que nous regretterons sitôt sorti. Le jazz band et l'éclairage façon bougie achèvent de donner à l' endroit le petit coté retro qui fait le charme des speakeasys new-yorkais.
Un conseil : allez-y tôt pour profiter au maximum de l'endroit et éviter l'attente, mais surtout ne manquez pas ce repère à cocktails !
mardi 13 avril 2010
Banananana

lundi 12 avril 2010
Un cookie nommé désir.

Avis à tous les cookie-o-philes de la ville : il y a à New York un petit bout de paradis pour vous, appelé Levain Bakery.
La petite échoppe ne paye pas de mine mais propose bel et bien les meilleurs cookies de Manhattan.
Cookies aux allures de muffins, délicieusement fondants et succulents, ils se déclinent en plusieurs saveurs : Chocolate Chip Walnut (ma recommandation absolue), Dark Chocolate Chocolate Chip (oui oui, deux fois chocolate), Oatmeal Raisin (pour une version plus diététique), et le suicide calorifique avec le Dark Chocolate Peanut Butter Chip (miam).
Pour preuve du succès de la bakery, l’ouverture d’une succursale dans les très chics East Hamptons (la découverte de cette succursale a d'ailleurs failli causer un accident grave sur la route des Hamptons, quand devant mes cris stridents pour s’arrêter à la vue du magasin, la conductrice a violemment pillé, croyant à l’imminence d’un danger).
Ne manquez pas d’aller gouter ce bonheur fait cookie !
Levain Bakery, 167 West 74th Street, au coin d'Amsterdam Avenue.
samedi 10 avril 2010
These boots are made for walking
Qui peut le plus, peut le moins ?

