J'aurais
pu craquer rien que pour sa couverture tant le graphisme réalisé par Zuma
attire l'œil par ses belles couleurs et géométries.
Ayant
déjà lu Rosa Candida de la même
auteure sans grande conviction, j'entamais celui-ci avec quelques réticences
passé l'argument de la première de couverture chatoyante.
Ici
l'auteure choisit une thématique oserais-je dire, "dans l'air du
temps" puisque Maria se voit brutalement quittée par son mari Floki,
lequel part pour aller vivre avec son collègue – lui aussi nommé Floki. L'idée
originale aurait pu faire un roman intéressant sur les choix imposés par la
société, le ressenti des femmes quittées pour un homme, les questions quant aux
13 années passées avec son mari, ou encore le rôle du beau-père dans les
familles recomposées mais rien de tout ça ici – ni réflexion réelle sur le
couple, le divorce, l'homosexualité. Audur Ava Olafsdottir déroule simplement
une histoire avec quelques (beaucoup?) d'invraisemblances et de comportements
étonnants.
Comme
dirait quelqu'un que je connais bien, c'est peut-être "à prendre comme un
conte", mais là elle y va un peu fort de café sur le déjanté irréaliste. A
commencer par la naine Perla, écrivain de polars, voisine de Maria, psychologue
à ses heures perdues qui parle comme un grand sage du haut de sa montagne.
"Je crains que les mots ne te soient pas d'un grand secours. D'expérience,
les gens ne comprennent pas tous les mots de la même manière. Un des exemples
que je reprends pour mettre en évidence l'aspect imprévisible des sentiments
humains est qu'il peut suffire d'une conduite d'eau chaude qui éclate pour que
deux couples qui habitent sur le même palier décident de divorcer"
Quelques
réflexion affleurent de-ci, de là via le personnage de Maria sur sa
culpabilité, ses remords, comment faire face mais restent assez épisodiques et
sont toujours stoppées par les interventions intempestives de Perla, la naine
curieuse et indiscrète.
Outre
le comportement étonnant de Perla, le livre achoppe également sur celui-ci de
Floki – d'une froideur glaciale au moment de l'annonce, mais qui consent entre
deux témoignages d'une indifférence totale envers Maria à coucher avec sa
future ex-femme pour la consoler.
En
parallèle de l'histoire principale, on ne nous épargne rien des récits annexes
plus invraisemblables encore que la trame originale : un père biologique
subitement réapparu, une procédure d'adoption, un ornithologue transi …
Le
roman se lit très vite mais souvent avec un soupir devant le style un peu
"gâché" de l'auteure autour de ces histoires sans intérêt ni
résonance.
J'ai
gardé pour la fin quelques citations de Perla, la naine envahissante ou
d'autres personnages pour donner une idée + précise de l'aspect abracadabrantesque
de ce personnage et de l'histoire.
"Sans être
curieuse de nature, je n'ai pu m'empêcher d'apercevoir du foie gras dans ton
frigo. Et il ne m'a pas non plus échappé que tu n'avais pas beaucoup d'appétit,
d'où ma question : quelles sont les chances que tu le consommes avant la date
de péremption ?"
Un
employé des pompes funèbres particulièrement délicat – et sans aucune trace
d'ironie de la part de l'auteure : "Il
y a un risque de respirer involontairement la cendre de l'urne. C'est arrivé
que des proches du défunt en contractent une pneumonie. Quand c'est une femme
qui signe le reçu, je prends l'exemple du tiramisu : il faut faire attention à
ne pas respirer le cacao dont on a saupoudré le crème. La plupart des hommes
voit mieux l'idée avec un vieux parquet, ils savent bien que pour le poncer,
mieux vaut porter un masque"
L'exception, d'Audur Ava Olafsdottir chez Zulma




